Sur le vif ! Questions sur le dessin à Pierre Rosenberg

Pierre Rosenberg, que l’on ne présente plus, a répondu à quelques-unes de nos questions. L’homme aux yeux bleus sertis d’une écharpe rouge (presque en toute saison) a contribué à la mise en valeur de nombreux fonds de dessins de collections publiques et privées en France, mais aussi à l’étranger. Son action auprès des musées s’accorde parfaitement à ses recherches, notamment sur l’oeuvre dessiné de Nicolas Poussin, Jacques-Louis David, Antoine Watteau ou encore Fragonard. Ses nombreuses expositions associées à des publications faisant date donneraient presque le tournis !

Vous souvenez-vous de votre première rencontre avec le dessin ?

C’était une gravure de Jean Lurçat : je n’avais pas dix ans.

Y a-t-il un lieu où vous appréciez de voir des dessins ?

Le cabinet des dessins du Louvre (j’utilise à dessein cette ancienne appellation bien vieille).

Au-dessus de l’épaule de quel artiste au travail vous pencheriez-vous ?

Nicolas Poussin (1594-1665).

Quels seraient les 3 dessins préférés de votre collection imaginaire ?

Trois études pour Les israélites recueillant la manne dans le désert du même Poussin.

Quelle expérience a contribué à affiner votre compréhension du dessin ?

J’ai admiré Henri Baderou (1910-1991), un marchand de dessin établi 15 rue du Faubourg Saint-Honoré, que j’ai vu « opérer » régulièrement à l’hôtel Drouot et dont la collection personnelle est aujourd’hui conservée au musée des beaux-arts de Rouen. Sa manière de regarder un dessin – son attribution, son état de conservation, sa « qualité », un mot que je me garderai bien de définir – m’a beaucoup appris. Pour des raisons diverses j’aimerais également citer les noms de Mathias Polakovits (1921-1987) et de Jacques Petithory (1929-1992).

Entre nous, quelle est la découverte (concernant le dessin) dont vous êtes fier ?

Deux dessins du Rosso identifiés à l’hôtel Drouot et aujourd’hui au Louvre.

Pouvez-vous citer une personnalité dont vous avez particulièrement admiré le travail sur le dessin ?

Walter Vitzthum (1928-1971), sans hésiter.

Rosso Fiorentino, Etude pour une déesse dans une niche : Proserpine, 1526, sanguine, lavis de sanguine, tracé préparatoire à la pierre noire, H. 214 ; L. 110 mm, Paris, musée du Louvre, département des arts graphiques, RF 52176, Recto
Rosso Fiorentino, Etude pour une déesse dans une niche : Mars, 1526, sanguine, lavis de sanguine, tracé préparatoire à la pierre noire, H. 214 ; L. 110 mm, Paris, musée du Louvre, département des arts graphiques, RF 52177, Recto

Le plus de Bella Maniera :

C’est à Angers, au musée qui porte son nom et dédié à la tapisserie que vous pouvez voir Lurçat (ou aux Gobelins jusqu’au 18 septembre 2016).

Nous vous conseillons la lecture de l’interview de Pierre Rosenberg réalisée par Diderik Bakhüys, conservateur en charge des dessins et peintures, dans le catalogue Trésors de l’ombre. Chefs-d’oeuvre du dessin français du XVIIIe siècle, collections de la Ville de Rouen, parue en 2013. Il était essentiellement question de la belle donation Baderou.

Nous avons rassemblé sur le lien suivant une cinquantaine d’articles sur le dessin du professeur Vitzthum, qui a été une aide précieuse pour le cabinet des dessins de l’Art Gallery de Toronto.