La dernière heure du Forum Bella Maniera, qui se tiendra samedi 25 novembre prochain à l’auditorium du musée des Arts décoratifs à Paris, sera consacrée à l’examen de dessins anonymes conservés dans les collections publiques françaises.
Six feuilles problématiques seront soumises à l’appréciation des participants inscrits au Forum, par quelques conservateurs travaillant actuellement sur des projets d’expositions ou d’inventaires de collections graphiques.
Voici ci-dessous les dessins qui seront projetés lors de cette session. Si ces feuilles vous inspirent, vous êtes cordialement invités à donner votre avis ou à partager vos impressions lors du Forum ! (inscription obligatoire, en raison du plan vigipirate mis en place à l’auditorium, à bellamanieradessin@gmail.com)
Feuille n° 1:
Les adhérents de Bella Maniera ayant participé à la présentation du cabinet d’arts graphiques d’Orléans en juin dernier par Olivia Voisin, Viviane Tondreau et Valérie Luquet, ont pu découvrir cet impressionnant dessin. L’œuvre a été publiée comme un dessin du baron Gérard (1770-1837), par comparaison avec la tête de l’héroïne figurant sur le célèbre Corinne au cap Misène (musée de Lyon). Mais, depuis, cette attribution ne paraît pas avoir convaincu tous les spécialistes de l’art néo-classique… Certains d’entre eux avaient noté une proximité stylistique avec les œuvres d’Élisabeth Vigée Le Brun (1755-1842). Depuis, d’autres pistes intéressantes ont été évoquées, notamment l’Italie du 19e siècle.
Faut-il revenir sur l’attribution à Gérard de cet important dessin?
La technique est intéressante et inhabituelle: il s’agit d’une contre-épreuve sur papier vélin retravaillée à la pierre noire et à la craie blanche. Un indice qui pourra servir de piste : ce dessin a appartenu à la collection du peintre Léon Cogniet (1794-1880).
Et vous, qu’en pensez-vous ?
Feuille n° 2:
Corentin Dury, conservateur au musée national de Port-Royal des Champs, prépare pour le printemps une exposition rassemblant un florilège de dessins du 17e siècle français conservés à Orléans, à sujets religieux, dont certains n’ont jamais été montrés au public. Il aimerait avoir votre avis sur cette œuvre, classée dans les dessins français 17e : mais est-elle vraiment française ? Ne s’agit-il pas plutôt d’un dessin italien ? Par ailleurs, le sujet reste difficile à comprendre : il s’agit sans doute d’un frontispice allégorique, mais dont le sens précis nous échappe encore…
A quelle école appartient ce dessin ? Qui en est l’auteur ? Spécialistes de l’iconographie, faites-nous part de vos suggestions concernant le sujet représenté !
Feuille n° 3:
Ce dessin à l’iconographie originale, La Mort et le banquier, nous est proposé par Bénédicte Gady (INP/conservatrice stagiaire au musée des Arts décoratifs) : il est entré dans les collections du musée des arts décos sous une attribution à Jean-Baptiste Le Prince (1734-1781) qui, néanmoins, ne paraît pas entièrement satisfaisante…
Qu’en pensez-vous?
Feuille n° 4:
Hélène Gasnault, conservatrice du cabinet des arts graphiques de Besançon, prépare actuellement le catalogue des dessins italiens de son musée. Elle soumet aux participants du Forum Bella Maniera cette feuille, étude à la pierre noire sur papier bleu collé en plein, pour un Portrait d’homme en armure, anciennement attribuée à Titien. Le montage en carton comporte une annotation mentionnant « Brusasorci » (Domenico (1516-1567) ou Felice (1539-1605)) comme piste d’attribution.
Des idées pour aller plus loin?
Feuille n° 5:
Guillaume Kazerouni nous envoie cette feuille, jusque-là réfractaire à l’attribution, faisant partie des collections du musée des Beaux-Arts de Rennes : ce très beau Saint-Antoine de Padoue en adoration devant l’enfant Jésus porte une ancienne inscription « f. Chauveau ». Le style des personnages ne correspond toutefois pas à celui du graveur François Chauveau (1613-1676), dont les dessins se caractérisent par un trait de plume nerveux et des figures au canon plus allongé. Une hypothèse d’attribution en faveur de Jacques Stella (1596-1657) a été un temps envisagée, mais les derniers travaux sur cet artiste, qui ont permis de mieux appréhender son style graphique, ne la rendent pas tout à fait convaincante.
A qui revient la paternité de cette feuille? Que faut-il penser de cette inscription ancienne « f. Chauveau »?
Feuille n° 6:
Enfin, le musée de Rennes nous invite encore à réfléchir sur une dernière feuille mystérieuse. Si ce dessin semble à première vue évoquer l’école française néo-classique, il pourrait en fait s’agir d’une feuille italienne, datant début du 19e siècle ou peut-être même de la fin du 18e siècle.
Reconnaissez-vous le style et le sujet de cette œuvre?
Rendez-vous samedi à l’auditorium du musée des Arts décoratifs pour partager vos impressions !
Frédérique Lanoë