Versailles est à nous… invitation chez Madame de Maintenon, voir 20 ans d’acquisition de dessins

« Ce passage peut ne pas être pas lu, mais pour arriver jusqu’à l’exposition une petite promenade dans le château nous est imposée et est finalement assez agréable. Si vous n’avez pas le temps de le lire, allez directement au paragraphe sur l’exposition. Délaissé par les touristes, il est enfin possible de profiter du château, un petit côté paradis dont j’avoue, j’use et j’abuse. Tout n’est pas ouvert, mais déjà certaines salles inaccessibles lors de forte affluence touristique sont enfin visibles. Et donnent l’occasion de faire une piqûre de rappel. Madame de Maintenon nous attend chez elle, au bout de la promenade, et les amateurs de dessins pourront profiter de cette exposition particulièrement intéressante sur les 20 ans d’acquisitions de dessins à Versailles. Entrer, par ce que l’on appelle la galerie historique (je crois), et se remettre en mémoire, les tableaux, et autres œuvres, de la construction du château. En passant, ne pas oublier de saluer notre ami Hubert Robert, des tableaux que nous connaissons tous. Grimpette jusqu’aux salles de peinture du XVIIe siècle, faible pour les premières salles, avec un côté désuet. Rappel, la période de Simon Vouet, fin de règne Louis XIII. Parfois des chefs-d’œuvre, je vous laisse les découvrir… Continuons : toute la Cour est là ou presque. Ne pas oublier de saluer Colbert, tant que son tableau est accroché. Terminons par le tableau en cire de Louis XIV de Benoist (à droite dans la dernière salle). Changeons de salle et de période, avec le Salon d’Hercule. Le jeune homme ailé et Hercule, dont nous allons trouver les dessins chez Madame Louis XIV. Visite des grands appartements, la Galerie des Glaces presque vide, ne pas oublier de regarder le magnifique panorama, sur le Grand Canal. Jetons un œil chez le roi.

Passons chez la reine et les diverses pièces, pour arriver, juste au milieu, à une petite porte, qui nous incite enfin à aller voir cette expo. En face, une mini expo sur les porcelaines de Louis XVI, et les agents de surveillance qui parfois, nous laissent entrer. J’ai eu cette chance. Enfin, nous sommes chez Madame de Maintenon, non pas pour un thé, mais pour visiter l’exposition qui est un peu le but de notre visite. Après cette halte, ce n’est pas fini. Un petit salut à Napoléon et ce brave David, ne pas oublier Gros. On continue dans les salles 1792. Escalier de la Reine, mais non ce n’est pas la sortie, traversons la Galerie des Batailles, retour sur la gauche, Galerie des sculptures superbes dont Houdon, Pajou etc., mais ce n’est pas notre propos. Il est possible de terminer par les salles napoléonienne du rez-de-chaussée, mais j’ai craqué avant chez Ladurée. Ne pas oublier de s’acheter des tennis toile de Jouy, 300 euros, et, bien sûr, le catalogue. Recommandé, une promenade dans le Hameau de la Reine, exposition Lalanne, assez en osmose avec le lieu. En attendant, revenons à notre exposition ».

Un petit mot sur l’expo : acquisition de 20 ans de dessins, par différentes sources, aussi différentes les unes que les autres, il est donc difficile de faire une synthèse. Mais promenade agréable, à travers trois siècles où l’on rencontre toujours les mêmes acteurs, mais également des personnages surprenants, voire des inconnus. Des lieux dessinés suivant des points de vue, soit très connus, soit très différents.

Laisser un peu de côté les dessins architecturaux. Élisabeth Maisonnier a fait une très belle exposition en 2019 à ce sujet. Certaines œuvres nous sont connues des dernières ventes, d’autres sont des donations. Des publications diverses ont déjà été éditées. Mais l’ensemble est homogène. Même si la chronologie est toujours la même, l’arrivée au XXe siècle par des œuvres d’amoureux de Versailles est surprenante. Alors partons pour cette promenade à travers trois siècles d’histoire, qui nous tient toujours en haleine. Pour les curieux, la lecture des fiches techniques de Versalia aidera à la compréhension.


Pérégrinations à travers les salles, à propos de quelques œuvres accrochées

Accueil par Louis XIV et Anne d’Autriche par Wallerant Vaillant. Nous sommes en famille, le maître des lieux avec sa maman. Wallerant Vaillant est connu pour être l’un de ceux à avoir initié l’art du pastel en France.

Louis XIV est très jeune, 20 ans à peine. Pas encore très sûr de lui. Mode début de siècle, qui me séduit toujours particulièrement. Rien à voir avec la cire colorée de Benoist, croisé avant, où Louis XIV est très fatigué.

Charles Monnet, Le Dauphin donnant la leçon de ses trois enfants : toujours l’éducation, vous devez me trouver un peu obsédée, mais j’ai essayé d’en donner à mes deux enfants et je ne suis pas certaine d’avoir toujours été entendue. La seule chose que je peux assurer, c’est que j’ai mis au monde des scientifiques qui sont à peine intéressés par l’art. Mais je vous rassure, nous vivons toujours en harmonie familiale. Même si ce dessin est très loin de ma famille actuelle.

Gabriel de Saint-Aubin, L’Arrivée d’une voiture à la grille de la Cour royale : don de Madame Florence Austin qui était une de mes amies. Cette feuille me touche particulièrement, parce que j’ai un faible pour Gabriel de Saint-Aubin, et qu’elle me rappelle mon amie.

Attribué à Pierre-Antoine Demachy, Fantaisie au château de Versailles Lavandières à la pièce d’eau des Suisses devant l’orangerie du Château de Versailles : voir le livre de Newton William Ritchey Newton – Derrière la façade – chapitre blanchissement. Edifiant ! Feuille étonnante, on faisait la lessive au château ; et oui il y avait une vie, et une organisation. Les lavandières lavaient les dessous de Mesdames, qui séchaient avenue de Paris ; c’est d’ailleurs dommage que nous n’ayons pas de dessins. La pièce d’eau des Suisses, qui servaient souvent de lavoirs étaient paraît-il très savonneuse, et l’hiver pouvaient difficilement geler.

Richard Mique et Claude Louis Chatelet, Album des plans et vues de Trianon : superbes dessins, malheureusement les trois héros de cet album ont tous terminés par le couperet fatal.

Marie Antoinette, on sait comment.

Châtelet, devenu un « féroce » révolutionnaire, a été guillotinée en 1794,

Richard Mique lui, pour une sordide histoire d’usurpation d’identité.

Je suis très intéressée par la vie des artistes qui ont vécu à cette période. Comment certains, suivant leurs personnalités, ont traversé cette période plus que tourmentée. Leurs œuvres en ont été, bien entendu, impactées. Mais on le sait, beaucoup ont réussi à tirer leur épingle de ce jeu particulièrement mouvementé.

Michael Kock, Étude pour le plateau du guéridon « au bouclier d’Achille » : le meuble a été réalisé, il est situé dans les attiques nord. Pour ceux qui n’ont jamais été dans les attiques, ils sont accessibles uniquement par visite conférence, ou si vous avez des relations. Offert par le pape Léon XII à Charles X, c’est un meuble en mosaïque de Saint-Pierre de Rome. Il est près d’un meuble particulièrement étonnant, « Cabinet- secrétaire » servant de bibliothèque – Plaques de porcelaine de Sèvres. Sur l’histoire du Bouclier d’Achille, Anne-Marie Lecoq a écrit un livre passionnant.

Pour finir, Charles Jouas, Vue de l’orangerie : en 1912, Charles Jouas illustre d’un frontispice et trente-six eaux fortes sur acier le célèbre recueil de poèmes Henri de Régnier consacré à Versailles, la Cité des eaux. Dessins passionnants, l’Ancien Régime est loin, la vision est purement artistique. Le château n’est plus à mettre en valeur, mais un point de vue photographique.

Lévy-Dhurmer, Bassin de fontaine à Versailles : Lévy-Dhurmer, dont les pastels sont toujours superbes termine cette exposition.

Feux de bengale.


Conclusion, si vous êtes arrivés au bout de cette promenade, cette exposition est une très belle rétrospective de Versailles avant l’Ancien Régime et des périodes post-révolutionnaires et contemporaines.

Cela redonne vie au château, on suit son évolution à travers les âges grâces à des œuvres superbes qui sont intéressantes. Si vous voulez en savoir plus allez voir le catalogue de l’exposition et les articles consacrés à ces acquisitions dans Versalia. Voyage dans le temps, dont on ne lasse jamais.

Liliane David