Comme chaque année maintenant, lors de la dernière heure du Forum Bella Maniera, nous regarderons ensemble quelques dessins qui nous semblent bien intéressants mais qui n’ont pas encore trouvé d’attribution convaincante…
L’occasion d’échanger des idées et de discuter autour de belles feuilles !
Voici les trois premières oeuvres qui seront présentées lors de cette séance:
Provenant de la collection de Martin von Wagner (Würzburg, 1777- Rome, 1858) et aujourd’hui conservé au musée universitaire de Würzburg, ce dessin représente l’épisode du Jugement de Salomon, durant lequel le roi d’Israël Salomon, montré sur son trône à l’arrière-plan, ordonne de couper un bébé en deux. Sur la droite, se trouvent deux femmes revendiquant la maternité du même enfant et venues lui demander justice.
Ce dessin est aujourd’hui attribué à un anonyme italien. Nous pensons qu’il a été réalisé au XVIIe siècle, et penchons pour une attribution à l’école bolonaise. Aussi, la technique pourrait se rapprocher de l’oeuvre d’Elisabetta Sirani (1638-1665). Que pensez-vous de la datation et de l’origine de la feuille ? Peut-on reconnaître la main d’un artiste en particulier ?
(Maelyss Haddjeri)
Deuxième feuille :
Stockholm, Nationalmuseum.
Cette belle étude de mains a été acquise par le Nationalmuseum de Stockholm en 2017, dans une vente publique parisienne. Elle était alors attribuée à Jacques André Joseph Aved, dont le portrait de Carl Gustav Tessin est une des pièces majeures du musée.
Cependant, on ne connaît de cet artiste aucune étude préparatoire comparable et le dessin ne porte aucune inscription permettent de soutenir l’attribution. Par ailleurs, le seul portrait peint par Aved qui comportant une figure aux mains jointes qui nous soit parvenu est le Portrait du R. Père Linières, confesseur du roi, devant un prie-Dieu, présenté au Salon de 1750. Or, cette oeuvre n’est connue que par une gravure de Jean -Joseph Bachelou, qui présente l’inconvénient majeur d’être dans le même sens que notre dessin! La qualité d’exécution de la feuille semble pourtant évincer l’idée d’une copie. Faut-il donc conserver l’attribution de ce dessin à Aved ? Ou alors y voir l’oeuvre d’un autre portraitiste du milieu du XVIIIe siècle ? Ou encore, considérant le motif, peut-on envisager le nom d’un peintre de scènes religieuses, peut-être dans l’entourage des Restout ? La question reste ouverte.
(Joëlle Vaissière)
Troisième feuille :
Inscriptions et marques : en bas, à gauche : inscription grattée à la plume et encre noire ; marque de la collection Gigoux (L. 1164) ; marque du musée de Besançon (L. suppl. 238c) et à l’encre noire : D.39 ; en bas, à droite, marque de François Renaud (L. 1042). Au dos du montage : Van Dyck.
Besançon, musée des Beaux-Arts et d’Archéologie, D.39.
Entrée au musée de Besançon sous une attribution à Anton Van Dyck, cette feuille nous semble plutôt appartenir à l’école française. L’utilisation de la pierre noire ainsi que l’économie de moyen avec laquelle est dessinée la musculature pourraient évoquer un artiste français du XIXe siècle, mais la marque à sec du monteur François Renaud semble encourager une datation plus précoce (dernier quart du XVIIIe siècle ?). Encore plus que la datation, l’auteur de ce dessin constitue un mystère. Le nom de Durameau a été avancé, mais sans que cela soit totalement convaincant. Qui pourrait donc bien être l’auteur de ce mystérieux personnage ?
(Antoine Chatelain)
Des idées sur ces dessins? Venez les partagez avec nous! Rendez-vous samedi 23 novembre à l’auditorium du musée des arts décoratifs pour le Forum Bella Maniera !