Préserver les arts graphiques, tout en les rendant accessibles au plus grand nombre. Une équation difficile, à laquelle le site Internet du musée Bonnat-Helleu, ouvert le 5 mai 2015, apporte des réponses, alors que l’établissement s’apprête à vivre une importante rénovation.
Le cabinet d’arts graphiques du musée Bonnat-Helleu, musée des beaux-arts de Bayonne, n’a fait l’objet que de quelques publications, dont Les dessins de la collection Léon Bonnat au musée de Bayonne, en trois volumes, paru entre 1924 et 1926, ou Les dessins italiens de la collection Bonnat, écrit par Jacob Bean en 1960. Le musée s’apprête à connaître une importante rénovation, qui accordera une place centrale aux œuvres sur papier. Cette mise en valeur se traduira dans le parcours des collections permanentes, au sein du cabinet d’arts graphiques et à travers une programmation soulignant l’excellence du musée dans ce domaine.
3000 oeuvres sur papier
Connu pour l’importance et la richesse de son fonds, ce cabinet d’arts graphiques compte près de 3000 feuilles, dessins et estampes. Dès l’inauguration du musée en 1901, le dessin occupe une place prépondérante dans les collections. Le cœur de cet ensemble, réuni par le peintre Léon Bonnat (1833-1922), offre un large éventail d’œuvres, de la Renaissance à la fin du XIXe siècle. L’artiste choisit avec soin des feuilles importantes, voire exceptionnelles, et constitua une collection remarquable, cohérente et didactique.
Des grands noms…
Le dessin italien est brillamment représenté par Michel-Ange, Raphaël, Titien, Le Parmesan, les Tiepolo ou encore Léonard de Vinci. Bernardo di Bandino Baroncelli pendu par le cou, esquissé à la plume et encre brune par l’artiste florentin en 1479, recueille tous les suffrages des internautes, avec plus de 900 vues sur le site depuis 2015.
Les feuilles de Dumonstier, Poussin, Claude Gellée, Watteau, Prud’hon, Greuze, mais également de David, Ingres, Géricault et Delacroix, témoignent de la richesse de l’école française. Celles de Dürer (un ensemble de vingt-quatre dessins et gravures au burin), Rubens, Rembrandt soulignent l’excellence des écoles allemande, flamande et hollandaise. Les dessins enlevés de Murillo ou Goya représentent l’école espagnole. Le musée conserve également des feuilles signées des artistes anglais Lawrence ou Bonington, rares dans les collections publiques françaises.
… et 2 noms magiques : Petithory et Helleu
À ce fonds initial s’ajoute un très riche ensemble de l’école de Bayonne et deux collections importantes : celle de Jacques Petithory (1929-1992), constituée de 186 dessins (entrés par legs, dont 7 feuilles de Greuze), principalement français et italiens du XVe au XIXe siècles, et l’œuvre du peintre et graveur Paul-César Helleu (1859-1927), réunie grâce à la générosité de la famille de l’artiste.
Le site internet des collections
Progressivement mis en ligne sur le site Internet du musée, le catalogue des collections du musée Bonnat-Helleu est l’une des pièces maîtresse de la médiation de l’institution pendant sa fermeture. La base de données, accessible depuis l’onglet « Ressources » du portail, permet de rechercher un sujet par œuvre, par auteur ou encore par mot-clé. Chaque requête peut ensuite être affinée avec un système de filtres, comme le lieu de création. La fiche du dessin ou de l’estampe désirée s’ouvre alors, faisant apparaître les données techniques de l’œuvre, son statut juridique dans les collections, ainsi que son numéro d’inventaire. Chacune est accompagnée d’un ou plusieurs clichés, que l’on peut agrandir en cliquant sur la vignette correspondante, de manière à le visualiser en taille réelle. Une autre entrée dans la collection d’arts graphiques se situe dans la barre horizontale du menu, dans l’onglet « collections », que le site du musée décline par techniques.
Sur le site Internet, les publics plébiscitent l’exposition virtuelle, consacrée au travail du peintre Paul-César Helleu et aux « 50 chefs-d’œuvre » du musée, qui correspondent à une sélection de coups de cœur de l’équipe scientifique du musée.
En outre, ce catalogue en ligne est directement issu de l’outil documentaire informatisé, support des activités du musée. Parallèlement au chantier mené à l’occasion de sa rénovation, le musée Bonnat-Helleu s’est pleinement engagé dans le récolement décennal des collections, conformément aux recommandations du ministère de la Culture et de la Communication. Ce travail s’est révélé essentiel pour la connaissance, la gestion et la valorisation des arts graphiques. Le relevé des marques de collections présentes sur les dessins anciens du fonds, ainsi que leur transcription en ligne (selon le répertoire de Frits Lugt), illustrent les possibilités offertes par la base de données. La réapparition d’une même marque sur plusieurs dessins permet d’identifier la provenance de l’œuvre et rend compte d’ensembles passés dans les mêmes collections, avant leur arrivée au musée. Les relations entre les individus, les lieux et les époques tissent sur le site un réseau de repères et de résonances entre les œuvres, dont la densité devient palpable, au fil des rebonds. Un passé prestigieux se dessine dont témoignent les cachets de Pierre-Jean Mariette, Sir Thomas Lawrence ou William Esdaile.
Le catalogue en ligne offre une visibilité au cabinet d’arts graphiques. Ce portail répond à une stratégie de communication destinée à faire sortir le musée de ses murs. Au regard des dispositions testamentaires de Léon Bonnat, interdisant le prêt des œuvres de la collection, cette démarche est importante. Pendant la période de travaux, elle paraît encore plus cruciale.
Maïtena Horiot-Ortega
Le complément de Bella Maniera :
C’est grâce à la directrice du musée, Sophie Harent, que nous avons eu le plaisir de lire l’article de Maïtena Horiot-Ortega. Cette dernière est chargée de récolement au musée Bonnat-Helleu de Bayonne, mais vous en saurez plus en suivant ce lien !