La plus belle rentrée aux côtés de Pierre Jean Mariette

Il y avait foule pour cette reprise des activités avec Bella Maniera. Vingt-six membres étaient au rendez-vous, en ce début de mois de septembre, lors de la visite de l’exposition Dessins italiens de la collection Mariette, au musée du Louvre !

Visite du 13 septembre 2019, de l’exposition Dessins italiens de la collection Mariette.

Toute la réussite est due à Victor Hundsbuckler, conservateur du Patrimoine, département des Arts graphiques, musée du Louvre, et Marie-Liesse Delcroix de l’association Mariette, qui nous ont fait voyager en Italie, en parcourant les différentes villes dans lesquelles Mariette a séjourné à l’âge de 23 ans. Ce tour a été pour lui une formidable « école de l’œil » mais aussi le moment de ses premiers achats de grands maîtres italiens pour sa collection personnelle. Nous avons pu suivre le parcours du collectionneur dans la péninsule : d’abord à Venise, puis en Toscane, en passant par Bologne, Rome et Naples. Les dessins des grands artistes originaires de chacune de ces régions de l’Italie nous ont été présentés.

Prémisses de l’exposition

C’est à la suite du catalogue raisonné, Les dessins de la collection Mariette : Écoles italienne et espagnole, publié par Pierre Rosenberg, au début de l’année 2019, que cette exposition prend place. Ces trois ouvrages s’inscrivent dans le monumental « projet Mariette » instigué par Pierre Rosenberg, au début des années 2010, projet qui a pour but de recomposer la collection, en regroupant le plus grand nombre de dessins ayant appartenu à l’amateur. À l’intérieur des trois derniers volumes, plus de trois milles dessins italiens et espagnols des XVIe et XVIIe siècles ont été retrouvés.

Pierre Rosenberg (dir.), Les dessins de la collection Mariette : Écoles italienne et espagnole, Paris, Somogy éditions d’art, 2019.

En 1967, le musée du Louvre avait déjà mis le collectionneur à l’honneur avec une exposition Le Cabinet d’un Grand Amateur P. J. Mariette. En 2011-2012, les dessins français de sa collection avait été présentés au musée Louvre. Enfin, cette année, une sélection d’une centaine de dessins italiens, conservés au musée du Louvre, au cabinet des dessins de l’École des Beaux-Arts mais aussi à la Fondation Custodia, nous ont été commentés.

Mariette : amateur, collectionneur, connaisseur, historien de l’art…

Victor Hundsbuckler et Marie-Liesse ont introduit l’exposition en nous présentant les différentes facettes de Pierre Jean Mariette. Sa personnalité était ambivalente, il était à la fois collectionneur et historien de l’art. Il s’est appuyé sur des sources pour rédiger le catalogue de la vente de la collection de Pierre Crozat (1741), a écrit sur Léonard de Vinci (1730), sur Michel-Ange (1746) mais aussi sur la gravure, dans son Traité des pierre gravées (1750), premier chapitre d’une ambitieuse histoire de l’estampe, qu’il n’a pas conduit à son terme.

Nous avons aussi appris, qu’au cours de sa carrière, Mariette voulait se débarrasser de son nom de marchand, nom qu’il tenait depuis trois génération au sein de sa famille de libraire, éditeur, marchand d’estampe. Il s’est alors désigné lui-même comme étant un « amateur », un « curieux » et a ajouté dans le catalogue de vente de la collection de Pierre Crozat, le qualitatif de « connaisseur ».

Sélection de sublimes dessins : toutes les grandes Écoles italiennes représentées

Victor Hundsbuckler, nous a présenté pas à pas les œuvres exposées. Parmi la centaine de feuilles, une petite sélection vous est ici proposée !

Commençons avec l’Étude d’une main en dessinant une autre, aujourd’hui attribuée à Passerotti, mais qui avait été considérée pendant tout le XVIIIe et XIXe siècle, comme un témoignage du talent de dessinateur de Michel-Ange. Provenant du Cabinet Crozat, le dessin est gravé et attribué à Michel-Ange à partir d’une anecdote, relatée par Condivi : lors de son premier séjour à Rome, Michel-Ange n’ayant rien à montrer au cardinal Riario, dessina une main pour lui prouver son habilité. Mariette le désigne alors comme étant peut-être le plus beau de ceux que possédait Crozat. Une belle contrefaçon de Michel-Ange donc, si bien faite, qu’elle réussit à tromper le meilleur collectionneur du XVIIIe siècle !

Au cours de la visite, dans la section du séjour bolonais de Mariette, nous avons appris que le musée du Louvre venait de récemment accueillir, dans sa collection d’Arts graphiques, un dessin qui fait pendant à celui exposé du Dominiquin. Il s’agit d’une autre étude de l’artiste pour le pendentif de Saint Luc Évangéliste, à San Andrea della Valle à Rome.

Merci aux adhérents et à ceux qui nous accueillent si généreusement !

Informations complémentaires :

Le voyage en Italie de Mariette a pu être retracé grâce aux lettres entre Pierre Jean et son père, Jean. Pour les découvrir, elles sont aujourd’hui conservées au département des Arts graphiques du musée du Louvre. Avis aux amateurs, elles n’ont pas encore été publiées !

Pour consulter les dessins du département des Arts graphiques du Musée du Louvre.