Choisir un jeune homme dessiné par Andrea del Sarto pour le blog et manquer le « Del SARTO AMERICAN TOUR », c’est possible !
Il suffit de rater l’exposition des dessins du maître florentin au Getty Museum de Los Angeles, puis de ne pas être sûre de profiter de celle programmée à l’automne prochain à la Frick Collection à New York.
Heureusement, le catalogue pallie à ces désagréments.
51 feuilles, provenant essentiellement du cabinet des dessins du musée des Offices de Florence, sont exposées, soit presque un tiers du corpus dessiné du peintre aujourd’hui constitué, mais certainement bien peu comparé à la production réelle supposée.
L’exposition veut montrer le processus créateur des œuvres de Del Sarto : de la première pensée aux esquisses de composition et études de tête isolée, qui toutes témoignent de son perfectionnisme. L’artiste revient constamment sur ses idées, apporte de nombreux changements à même la toile.
L’introduction de Julian Brooks résume parfaitement la carrière de Del Sarto, notamment la commande des fresques du Scalzo, moment merveilleux décrit comme celui du dessin à grande échelle. L’historien évoque simplement, avec ce chic anglo-saxon, la complexité du travail de conception de Del Sarto.
J’avoue avoir été agacée de lire la justification sur ce catalogue dédié à un artiste « un peu oublié »… Del Sarto n’est pas Moroni !
Avec cette même capacité de vulgarisation, l’essai « a perfectionnist revealed, The ressourceful methods of Andrea del Sarto », d’Yvonne Szafran et Sue Ann Chui, s’intéresse aux méthodes et pratiques, notamment l’emploi du carton. Les auteures rappellent auparavant la grande évolution technique contemporaine, c’est-à-dire le passage de la peinture a tempera à celle à l’huile, qui favorise la spontanéité du geste, tout en permettant d’exploiter les effets, d’accroître la connaissances du corps. Et donc de mieux comprendre les raisons justifiant le nombre fabuleux de versions et variations, principe même qui permet de produire des œuvres uniques pour son atelier.
Marzia Faietti, insiste dans son essai « The red chalk drawings of Andrea del Sarto, Linear Form and Luminous naturalism » sur la tension des lignes tracées par Del Sarto. Dénuées de fonction décorative, elles ont un rôle descriptif déterminé par son approche naturaliste de l’étude du corps, convergeant vers une volonté de rendre la profondeur psychologique des modèles.
D’autres essais passionnants rythment l’ouvrage, en fonction des sections : « Portraits » avec 8 feuilles, dont deux superbes études à la pierre noire que conserve la Fondation Custodia à Paris (inv. 5085 et 5572).
Le chapitre « Projeter sur le papier » comporte 9 numéros, notamment une esquisse préparatoire à une des lunettes de SS Annunziata à Florence, réalisée en quelques minutes !
« Rendre la réalité » est constitué de 21 merveilleux dessins, dont une étude à rapprocher des anges situés en haut à gauche pour l’Assomption Panciatichi, vers 1622-26 (Florence, Palais Pitti). Le verso de la feuille a été mis en rapport, pour la première fois, d’un élément décorant la tombe réalisée pour Giovanni di Bernardo Jacopi et sa famille.
« La convergence entre les dessins et les peintures » s’intéresse à 4 exemples : la Madone a l’escalier (Prado), Saint Jean-Baptiste (Piiti), Le sacrifice d’Isaac (Cleveland), la Sainte Famille Medici (Pitti). Cette partie est richement illustrée afin de donner à voir et à comprendre les répliques et variations d’une composition.
Comme tout catalogue américain, la couverture est trop épaisse, mais la photogravure est soignée comme la maquette, ce qui [en dépit de sa taille et son poids] rend la lecture agréable.
Andrea del Sarto: The Renaissance Workshop in Action
Catalogue par Julian Brooks with Denise Allen and Xavier F. Salomon
Exposition du 3 juin au 13 septembre 2015, Los Angeles, Getty Center
Commissariait : Julian Brooks, conservateur des dessins italiens au J. P. Getty Museum
avec une riche programmation de conférences et surtout un symposium
Puis du 7 octobre 2015 au 10 janvier 2016, New York, The Frick Collection