Une semaine incontournable pour les amoureux du dessin

Cette année encore, et pour notre plus grand plaisir, le Salon du Dessin accueille de nombreuses galeries au Palais Brongniart. Avant ce rendez-vous incontournable pour tous les amoureux du dessin, nous avons rencontré Hélène Mouradian, directrice de l’organisation depuis 2006.

Cet entretien a été l’occasion de revenir sur l’histoire du Salon, sur sa place dans le monde de l’art ainsi que sur ses enjeux futurs.

Travaillant dans de nombreuses galeries depuis le début des années 1990, Hélène Mouradian s’est spécialisée aux fils des années dans l’art du dessin. Elle collabore avec de nombreux marchands avant d’ouvrir sa propre galerie aux côtés d’Arnaud Charvet. Enfin, lors de la 21e édition du Salon du Dessin, elle se trouve à la tête de l’organisation.

Une histoire entre marchands

Le Salon du Dessin naît en 1991, créé par un groupe de marchands parisiens. Il est d’abord établi à l’Hôtel George V, au Grand Palais, puis de nouveau à George V, lorsqu’un nouveau groupe de marchands, encore présent aujourd’hui au comité de direction, reprend les rênes. Ils sont d’abord neuf, puis huit, et se réunissent tous les mois pour discuter de manière collégiale de l’événement.

Hélène Mouradian nous rappelle que le Salon a avant tout été institué pour défendre le marché du dessin. Dès 1998, les maisons de ventes profitent également de l’événement en organisant de grandes ventes annuelles de dessins. Ainsi, cette année encore, nous pourrons admirer de nombreux dessins à Drouot, chez Christie’s, Sotheby’s et Artcurial notamment.

Francesco Morandini, dit Il Poppi, Cinq études de tête de Giuliano de’ Medici, d’après Michel-Ange, pierre noire et craie blanche sur papier bleu, coll. particulière, exposé au Salon du Dessin en 2018, stand W. M. Brady & Co.
Cesare da Sesto, Tête de saint Jean-Baptiste, sanguine sur papier papier préparé rosé, exposé au Salon du Dessin en 2018, stand De Bayser.

L’amitié avec les musées

Assez rapidement dans l’histoire du salon, les huit marchands, à la tête de l’événement, ont pris conscience qu’il fallait également mieux faire connaître les collections publiques. Il faut en effet créer un intérêt autour du dessin, rassembler, pour qu’ensuite les ventes se greffent. Suivant cette idée, on initie la Semaine du Dessin, l’École des Beaux-Arts de Paris et le Musée du Louvre font partie des premières institutions à ouvrir leurs cabinets. Aujourd’hui, de nombreux musées parisiens accueillent les visiteurs dans leurs collections. Une quarantaine de visites sont organisées, dix-neuf d’entre-elles sont entièrement gratuites et ouvertes au public. La nouveauté cette année (succès oblige), est la limite de l’accès à trois visites par personne.

Le Salon du Dessin ouvre également ses portes aux musées. En 2007, la première institution invitée au Palais Brongniart est le Musée des Arts Décoratifs de Paris. Cette année, le Musée Carnavalet, fermé pour rénovation, expose des trésors de son cabinet d’art graphique en écho au thème des Rencontres internationales : « Fêtes et spectacles ». L’année prochaine, le Musée des Beaux-Arts de Marseille présentera des dessins en lien avec le thème du « Paysage ».

Ainsi, la place des musées dans le Salon du Dessin est qualifiée par Hélène Mouradian de prépondérante. Pour elle, il est essentiel de susciter des rencontres et de partager autour d’une même passion pour l’art du dessin. C’est notamment pour cela qu’est organisé, chaque année, un déjeuner rassemblant conservateurs, collectionneurs et marchands d’art. L’idée est de pouvoir échanger, créer ou renforcer des relations, développer des prêts entre musées ou débloquer des ventes entre marchands ou entre marchands et musées. Un des principaux objectifs du salon est ainsi de rendre l’art du dessin plus dynamique et vivant.

Jacques-Louis David, L’Allégorie de la Révolution à Nantes, plume, encre, lavis, mine de plomb, pierre noire, mise au carreau, Nantes, Musée des Beaux-Arts, inv. 11.2.1.D, exposé au Salon du Dessin en 2018.
Odilon Redon, Le Prisonnier ou Le Captif, v. 1880, fusain, Nantes, Musée des Beaux-Arts, inv. 993.13.1.D, exposé au Salon du Dessin en 2018.

La place essentielle des historiens d’art

Selon Hélène Mouradian, la dimension scientifique du salon est un élément essentiel. En 2006, le comité de direction initie les Rencontres internationales du Salon du Dessin dont les actes sont publiés à la fin de chaque année. Ces colloques internationaux sont organisés afin que les historiens d’art, les chercheurs, les universitaires interviennent dans le salon.

Les thèmes, liés aux Rencontres internationales du Salon du Dessin, sont décidés lors des réunions mensuelles du comité de direction. Hélène Mouradian nous informe qu’ils sont souvent amenés par Bertrand Gautier, un des membres fondateurs.

(Notons que la place des historiens d’art au sein du Salon du Dessin est mise à l’honneur par Sarah Catala dans un article publié l’année dernière dans son blog Abecedario et autres posts).

Les enjeux

Le Salon du Dessin continue à se positionner comme le seul salon de spécialité qui fonctionne à l’échelle internationale. Pour Hélène Mouradian, la concurrence étrangère, comme Master Drawings New York notamment, laisse toutefois entendre qu’il est important de se renouveler. Elle met alors l’accent sur les spécificités du Salon du Dessin et souligne le lien qu’il entretient avec les collections publiques. Il est privilégié pour sa localisation dans un Paris resserré, cela permet aux visiteurs de découvrir de nombreuses collections en peu de temps. Le comité de direction du salon met également un point d’honneur sur l’aspect matériel du dessin.

A la différence d’autres événements, il n’est pas possible d’exposer des dessins sans support. Enfin, selon Hélène Mouradian, la concurrence étrangère peut être un souci mais cela ne prend pas le dessus sur le Salon du Dessin qui est bien ancré dans le paysage international.

Charles François de la Traverse, Loth et ses filles, plume et encre brune, lavis brun, exposé au Salon du Dessin 2019, stand de la galerie José de la Mano.
Jean Trouzé, Allégorie de la peinture, plume et encre brune sur traits de crayon noir, lavis brun et rehauts de gouache blanche, exposé au Salon du Dessin 2019, stand de la galerie Talabardon et Gautier.

Merci !

Nous tenons à remercier Hélène Mouradian pour avoir accepté de s’entretenir avec nous !

Nous vous retrouvons bientôt lors de notre prochaine visite qui introduira le Salon du Dessin, à la Fondation Custodia, le 20 mars à 11h00 !